L'Américain: Le Choix des Sœurs Sayden - tome 1 (French Edition) by Depraz Aurélie

L'Américain: Le Choix des Sœurs Sayden - tome 1 (French Edition) by Depraz Aurélie

Auteur:Depraz, Aurélie [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2024-01-30T23:00:00+00:00


Chapitre VIII

Les domestiques avaient amidonné et repassé les nappes. Ciré les meubles, les rampes de l’escalier, le parquet. Ravivé les porcelaines, fait reluire le cristal, poli l’argenterie. Dépoussiéré les six cents pampilles du grand lustre de la salle à manger. Astiqué les poignées en cuivre des portes. Piqué des chandelles neuves dans de grands candélabres en or, sortis pour l’occasion. Allumé les bougies de toutes les appliques et de chaque bougeoir du corridor, du grand salon, du fumoir et de la salle à manger. Préparé les chauffe-plats sur le plan de travail de la dépense adjacente à la salle à manger pourvue d’un monte-charge communiquant directement avec l’entresol. Enlevé la cendre de la grande cheminée et allumé un feu d’ambiance. Chambré le vin.

Dans les cuisines, le chef et son escadron en action avaient aiguisé tous leurs couteaux, rempli tous les fourneaux de charbon, briqué toutes leurs marmites de cuivre, récuré toutes leurs casseroles au sel, au citron, au sable, rempli d’eau chaude les réservoirs des fours nickelés et, à partir de midi, écaillé, vidé, émincé, doré, broyé, battu, haché, enfourné, fait mijoter, réduire et revenir sans discontinuer tout ce qui devait participer au menu du soir.

En dernier lieu, le majordome, transformé en véritable maître d’hôtel pour l’occasion, avait levé une à une chacune des fourchettes, chacun des couteaux, chacune des cuillères et chacun des verres de la table pour les examiner, sourcils froncés, avant de les reposer exactement à leur place, une réglette à la main.

Et tout cela, pour un homme qui ne voyait certainement pas la différence entre une maison parfaitement tenue et une simple demeure bourgeoise, pas plus qu’il n’aurait vu la différence entre l’avant et l’après-astiquage, et qui n’y accorderait plus sûrement encore absolument aucune importance.

Un homme qui, pour sa part, ne s’encombrait guère des détails de l’étiquette, voire, elle le soupçonnait, qui prenait un malin plaisir à les malmener. Un homme aux manières d’arriviste totalement imperméable aux règles établies, qui menait sa vie tambour battant et ses affaires comme bon lui semblait, et d’un commerce à peu près aussi agréable que celui d’un lutteur de foire gallois. Qui ne brillait certes pas par sa finesse et que n’étouffait pas la modestie non plus. Qui avait ce fort déplaisant talent de savoir ne hausser qu’un seul sourcil, ce qui était particulièrement agaçant, et cet autre de savoir faire fi des formes les plus élémentaires de la civilité mondaine et des plus simples marques de courtoisie avec une aisance déconcertante. Et, pire que tout, celui de savoir, d’un simple mot, d’un simple regard, faire ressortir le pire d’elle-même. L’autre nuit, au bal, elle s’était fait tout bonnement l’impression de se conduire comme une harengère ; d’ailleurs ni tante Millicent ni lady Rosemary, suffoquées sur le coup, n’avaient manqué de la sermonner sur ce point par la suite. Et, en toute honnêteté, elle n’avait rien trouvé à redire : si Sheila était impulsive, qu’avait-elle donc été d’autre ce soir-là ?

Un poète français, La Bruyère croyait-elle, écrivait : « C’est



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